La morale de l’histoire

Publié le par Lux

Un humoriste, à qui l’on posait récemment la question : «  Qu’est-ce que c’est, Noël ? », a répondu : « C’est la fête des commerçants ! ». Cette répartie donne une idée de la baisse incroyable du sentiment religieux dans notre pays. Non pas que nous rejetions huîtres, foie gras et chapons de Bresse, qui, avec le champagne, font partie de la tradition française des fêtes de fin d’année ! Mais limiter la Nativité à la nourriture, si bonne soit-elle, ou aux cadeaux, si beaux soient-ils, c’est faire peu de cas de tout le reste ! A-t-on déjà oublié que l’Homme ne vit pas seulement de pain ? On constate là le résultat de deux siècles du profond matérialisme né de la Philosophie des Lumières, amplifié par l’hédonisme post-moderne. En fait, cette vague de fond ne s’attaque pas seulement au domaine spirituel, mais elle touche plus généralement la vision et l’attitude de l’Homme vis-à-vis du monde. Les fondements sur lesquels était édifiée la culture classique, élaborée après plus de vingt siècles d’efforts, de réflexion et d’expérience, ont été rejetés, non seulement dans le domaine strictement religieux, mais aussi dans le domaine moral comme dans celui de l’art et de la pensée. On a voulu une rupture, pour employer un mot à la mode, eh bien ! on y est parvenu. Les notions de Bien, de Beau et de Vrai, sur lesquelles était établie la pensée classique depuis Athènes et Rome, sont désormais considérées comme sans valeur, pour ne pas dire comme ringardes…Est bien ce que je veux, est beau ce que je pense beau, est vrai ce que je crois vrai. En outre, il s’agit de ce que je veux,  pense ou  crois à un moment donné ! L’instant d’après, ce que je veux, pense ou crois sera peut-être différent, et ce que je voulais, pensais ou croyais auparavant sera devenu mauvais, laid ou faux…Cette instabilité chronique dans les valeurs et les appréciations fait irrésistiblement penser à un homme ivre, à un bateau sans gouvernail, à un pilote sans radar ! Dans n’importe quel  domaine, sans quelques points de repère, il est rigoureusement impossible de trouver son chemin : si chaque homme rejette le trésor d’expérience, de savoir et de sagesse que lui ont légué ses ancêtres, s’il s’en tient à son expérience personnelle et momentanée, il avance en aveugle et se heurte à tous les obstacles qu’il rencontre, qu’ils soient  matériels, intellectuels ou spirituels. En somme, l’Humanité que nous fabriquons est  volontairement estropiée, aveugle et sans mémoire ! Du passé faisons table rase : on sait comment finit la chanson…

 

                                                Le danger est pour les jeunes

 

Bien sûr, ce ne sont pas les plus âgés d’entre nous  qui courent les plus grands dangers, car les gens d’un certain âge ont conservé les bases données par l’éducation antérieure à ces errements. Ce sont les jeunes qui en souffrent le plus et qui en souffriront encore plus au fur et à mesure que ce système intellectuel, ou plutôt cette absence de système, s’imposera. Par exemple, on vient de découvrir qu’en France, environ 40.000 étudiantes ou étudiants se prostituent pour « arrondir leurs fins de mois ». Au nom de quelle règle pourrait-on le leur reprocher, et encore plus le leur interdire, puisque aucun impératif ne saurait s’imposer dans quelque domaine que ce soit ? En application de ce principe, on ne peut que dire à ces malheureux (ses) : « prostitues-toi si tu le veux, si tu crois que c’est plus facile, si tu penses que tu es libre d’utiliser ton corps comme tu l’entends »…On voit jusqu’à quelle extrémité ce genre de discours mène !

 

                                                    Des alibis d’allure morale      

 

Assez  curieusement,  les mêmes  donneurs  de  leçons  qui  prétendent  qu’il  est  «   interdit 

d’interdire » sont les mêmes qui, sans arrêt, mènent des campagnes, à grand renfort d’émissions de radio et de télévision, à l’encontre des fumeurs de cigarettes et de la consommation d’alcool. Qu’on me comprenne bien : je suis convaincu que l’abus du tabac et de l’alcool sont nocifs pour la santé. Mais comment peut-on  justifier leur interdiction dans une société où, paraît-il, il est interdit d’interdire ? Sur la base de quelle valeur, puisque celles-ci n’existent pas ? En outre, vous remarquerez que ces mêmes personnes ne parlent jamais de l’abus de la drogue et en particulier du cannabis, dont l’usage augmente constamment dans notre pays. On sait notamment, que les drogues sont à l’origine d’un nombre grandissant  d’accidents de la route. Pourquoi cette singulière différence de traitement, sinon que la drogue jouit, dans les milieux dirigeants français, d’une singulière faveur ! On a bien l’impression que ces campagnes très médiatisées sont une sorte d’ alibi : elles ont pour seul but de faire croire au pauvre peuple que nos élites sont « morales » ou, si vous préférez, qu’il existe encore une morale, alors que, par définition, cela n’est plus le cas.

 

                                                          L’alibi humanitaire

 

C’est l’autre alibi hypocrite qui permet à certains de se donner une allure « morale », quand les principes dont ils se réclament n’admettent pas  qu’il en existe. Je dis bien hypocrite, car on est stupéfait de constater à quel point le raisonnement de ces gens-là est biaisé. Prenons l’exemple de la peine de mort : la plupart de ces individus sont contre le châtiment suprême, alors qu’il frappe, sauf erreur judiciaire, des criminels, tandis que les mêmes personnes sont en général favorables à l’avortement,  qui frappe toujours des êtres innocents…Par ailleurs, les causes humanitaires sont souvent utilisées pour accroître la culpabilité des pays autrefois dotés d’un empire colonial. Un raisonnement, que l’on exprime quelquefois mais qui est souvent sous-entendu, prétend que les pays colonisateurs se sont enrichis au dépend des pays colonisés, alors que, au moins en ce qui concerne la France, les colonies nous ont coûté beaucoup plus cher que ce qu’elles nous ont rapporté. On assimile d’ailleurs souvent la colonisation à l’esclavage, en omettant d’ailleurs de dire que la traite des noirs n’a pu fonctionner que parce les tribus implantées sur la côte partaient razzier les villages situés à l’intérieur de l’Afrique et vendaient aux trafiquants blancs les malheureux qu’ils ramenaient !

 

                                                  Quelques espoirs sont permis

 

L’avenir serait bien sombre si une certaine évolution ne se faisait jour. Depuis cinq ou six ans, une sensible amélioration a commencé à apparaître. Sur quelques sujets, la langue de bois à tendance à disparaître et certains raisonnements simplistes qu’on a entendu pendant longtemps commencent à ne plus être utilisés. C’est ainsi qu’on ne se sent plus obligé de prétendre que l’immigration est, dans tous les cas et dans n’importe quelles conditions,  « une chance pour la France ». De même, on entend moins souvent l’antienne selon laquelle les délinquants doivent être traités avec mansuétude, car c’est la faute de la société s’ils sont comme cela ! Dans le même ordre d’idées, on parle même de modifier l’ordonnance de 1945 sur les mineurs délinquants. Quelques progrès sont aussi fait dans le domaine de l’éducation. On vient par exemple de voir remettre en cause les méthodes, autant fantaisistes qu’alambiquées, d’apprentissage de la lecture… Mais nous savons bien, nous, royalistes d’Action Française,  que l’on ne pourra réellement améliorer la situation et procéder aux réformes indispensables que si l’on  change de système politique !

                                                                                                                    Georges Rousseau

Publié dans Actualité nationale

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