La République des apparences

Publié le par Lux


 

Un phénomène, qui certes existait déjà, est en train de prendre une ampleur telle qu’il transforme radicalement les conditions de la vie politique française.…

Les élections présidentielles de 2007, et notamment les « primaires » qui ont départagés les candidats des principaux camps, ont été marquées par ce qu’on peut appeler : la dictature de l’apparence. Cela a été particulièrement vrai pour Ségolène Royal, finalement désignée comme candidate du Parti Socialiste, alors que l’appareil du Parti et les ambitions des différents « éléphants » , répétant le même discours, lui étaient contraires.

 

                                            Apparence dans l’image

 

On connaissait déjà l’importance de l’image, le « look », comme on dit, au niveau de la télévision. Essayez donc de « crever l’écran », même si vous êtes bon comme Saint-Vincent - de - Paul, sage comme Salomon ou aussi bon mathématicien qu’Enstein, si vous êtes défiguré, bancal ou obèse !  Même le pauvre Jean-Marie Le Pen en a pâtit pendant longtemps, jusqu’à ce qu’on s’habitue à  son œil crevé… Car la dictature de l’image veut que vous soyez grand et mince, avec des traits réguliers, une « belle gueule de cinéma » en somme…C’est notamment le cas de notre Ségolène, qui par ailleurs soigne son image en portant des robes mi-longues, qui accentuent son apparence longiligne, et toujours d’une teinte très claire, voire blanche, pour souligner son côté « virginal ». On a envie de crier : « bravo l’artiste » ! Vous me direz : mais Nicolas Sarkozy  n’a pas la taille voulue ? C’est le coté «  Bonaparte » de ce personnage, que  d’ailleurs il cultive à plaisir dans le style parole brève et pincement d’oreille,  et qu’apparemment les électeurs de la majorité préfèrent aux grandes tailles, qu’il s’agisse de Chirac ou de Villepin…

 

                                           Apparence dans le discours

Tout cela ne serait qu’un demi mal si la même « pré-fabrication » par des équipes spécialisées de « conseillers en communication » ne s’appliquait pas aux idées. Les français se détournant de plus en plus des discours convenus et des slogans répétés à satiété des grands partis, chaque candidat s’efforce de rajeunir son discours et d’améliorer la présentation de ses idées. C’est cette manœuvre qui a assuré le succès de Ségolène Royal, les militants du PS cherchant désespérément un renouvellement de leur discours, faute de quoi, ils étaient sûrs d’aller droit dans le mur.  On comprend l’ amertume que doit ressentir Dominique Strauss-Kahn, qui s’apprêtait, de son côté, à prendre le tournant social-démocrate, mais qui n’a pas compris que son style n’était pas suffisamment novateur pour contre - battre celui de Ségolène. Naturellement, nous ne nous laisserons pas prendre à ces astuces, qui ne font que masquer l’indigence de la pensée sous-jacente. Car en réalité, Madame Royal ne propose rien de bien nouveau. Simplement, elle amuse la galerie avec gadgets, telle que l’idée des faire juger les ministres par des jurys populaires – cela flaire les comités d’épuration – ou de confier les mineurs récidivistes à des unités spéciales de l’armée – va-t-on ressusciter les Bat’d’Af  - ? La même tactique est suivie par Nicolas Sarkozy, qui cultive, en particulier, l’art de « rouler des mécaniques » pour mater les voyous…Remarquons bien qu’il propose d’amender l’ordonnance de 1945, qui est responsable en partie de la mansuétude des tribunaux envers les mineurs. Mais par quoi va-t-il la remplacer, nous n’en savons rien, et connaissant la puissance des lobbies progressistes, il y a gros à parier que la montagne va accoucher d’une souris ! C’est le programme électoral de l’UMP qu’il va falloir scruter attention, car c’est dans celui-ci qu’on trouvera un peu plus de clarté. De même, Ségolène Royal sera tenue par le programme du Parti Socialiste, que l’on connaît déjà, et qui donne froid dans le dos quand on voit qu’il propose exactement l’inverse de ce qu’il faudrait faire, notamment en matière économique et financière. En particulier, il faudra regarder avec soin ce que ces deux programmes prévoient dans le domaine de la construction européenne, car le lobby européiste piaffe d’impatience en espérant qu’on va enfin envoyer aux oubliettes le NON français à la Constitution européenne.

                   

         La chasse aux blancs est-elle ouverte ?

Je déteste la violence gratuite. C’est dire que je n’ai aucune sympathie pour les « houligans » et autres « skinheads » qui rendent les abords des stades  dangereux les soirs de grands matches. Mais enfin, un supporter du club Paris - Saint Germain a été tué et un autre blessé grièvement , tous deux par balles tirés par un agent de police. C’est grave. En d’autres temps, ce drame aurait déclenché un beau scandale. Or, l’affaire a été escamotée en deux temps, trois mouvements, le juge d’instruction ayant déclaré en un temps record, pour ne pas dire avec une hâte suspecte, que le policier en question agissait en «  état de légitime défense ». Sur les bancs des facultés de droit dans ma jeunesse, quand on parlait de légitime défense, on nous disait que celui qui utilisait cette excuse devait d’abord démontrer que les moyens mis en œuvre pour se défendre étaient proportionnés à ceux employés par les gens qui  l’attaquaient.  Par  exemple,  menacée  par  plusieurs  voyous  armés  de  couteaux, la personne prétendant être en état de légitime défense peut utiliser un revolver… Or, j’ai eu beau lire les journaux, je n’ai pu trouver de réponse aux questions que je me posais et qui ne devrait pas être difficile à trouver puisque la scène a été filmée par les caméras de surveillance. Première question : les agresseurs étaient-ils armés, et si oui , quelles étaient ces armes ? La deuxième question est : est-ce que ce policier était en service ? Sinon, pourquoi portait-il son arme ? La troisième question est : qu’est-ce qu’il faisait à cet endroit, c’est-à-dire mélangé avec les supporters du P.S.G., comme d’ailleurs le supporter du Club de Tel-Aviv qu’il cherchait à protéger ? Quatrième question : sa qualité de policier était-elle évidente, c’est – à - dire, étant en civil, portait-il le brassard rouge réglementaire dans cette situation ? Cinquième question : a-t-il fait  les  sommations  habituelles avant de tirer ? A-t-il tiré un premier coup en l’air, comme on doit normalement le faire ? Toute ces questions sont pour le moment restées sans réponse et c’est bien dommage, car elle pourraient mener à des interrogations troublantes dans les milieux judiciaires, et surtout pousser à des actes regrettables des personnes à faible cervelle comme on en trouve dans ces clubs de supporters. A l’inverse, on peut craindre que cette mansuétude soit interprétée comme une autorisation de tuer dans certaines banlieues... Souhaitons donc que la Justice fasse toute la lumière, au plus tôt et de manière satisfaisante, sur cette lamentable affaire.               

                                                                                                      Georges Rousseau

Publié dans Pensée politique

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