Restera-t-il une armée

Publié le par Lux

Restera-t-il une armée

 à la France ?

 

par Georges Rousseau

 

 

 

 

 

Bien que le " livre blanc " sur la Défense n'ait pas encore été publié, des indiscrétions savamment distillées donnent à penser qu'on s'oriente, sous couvert d'une modernisation de l’organisation, vers une très sérieuse détérioration de notre potentiel militaire.

D'après les informations qui commencent à filtrer, la Défense nationale va être mise à rude épreuve par “la cure d'amaigrissement généra-le", puisqu’il s’agit d'imposer des économies financières à l'administration française à la suite, notamment, des recommandations de la Commission de Bruxelles sur le déficit budgétaire. Le problème, c'est que contrairement à beaucoup d'autres administrations, l'Armée a déjà supporté à plusieurs reprises depuis vingt ans un tel " régime de minceur " qu'on peut se demander si, cette fois - ci, elle se remettra de cet érat d’anorexie dans lequel on la jette. Une fois de plus, elle va être mise à contribution, mais il est à craindre qu'il va être difficile à son organisme, déjà affaibli, de s'en remettre.

 

Le « régime minceur »

Apparemment, la loi de programmation militaire s'oriente vers la fermeture de trente régiments et de quinze bases aériennes, soit une cinquantaine d'implantations, et la suppression de 42.000 postes budgétaires en sept ans, soit six mille par an. On ne parle pas des programmes de construction de matériel, mais quand on sait qu'avec le budget actuel, “la grande Muette" est déjà exsangue : en ce qui concerne le matériel courant, notamment les hélicoptères et les chars, mais aussi dans l'aviation. Depuis plusieurs années, les militaires en sont au système consistant à "cannibaliser" certains matériels pour se procurer des pièces détachées qui manquent cruellement. La marine, si l'on met de côté les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins balistiques, est réduite à la portion congrue, puisqu'elle est déjà privée de son unique porte-avions en période de réparation et bientôt de son porte-hélicoptères La Jeanne d’Arc,  qui va prendre sa retraite. A cet égard, la doctrine très sarkoziste consistant à compter sur les pays étrangers pour nous approvisionner en matériel est terriblement dangereuse. S’imaginer que l’Europe va prendre la place de la France est une chimère. On se rappelle que pour faire passer la pilule de l'abandon de la construction d'un second porte-avions, on nous a dit qu'on allait s'entendre avec les Anglais pour la construction en commun du prochain. Patatras ! Toujours réaliste, le gouvernement britannique vient de décider de construire deux porte-avions pour sa seule marine, sans se soucier du mirifique projet français qui dort dans les cartons de la Place de la Concorde. Or les porte-avions marchent par deux comme les gendarmes.

 

De faux prétextes

Pour donner au bon peuple des raisons de croire que le gouvernement se préoccupe réellement d'augmenter les capacités militaires de notre pays, on agite des menaces qui n'existent pas ou qui, plutôt, ne sont pas vraiment du ressort de l'Armée. On s'inquiète tout d'un coup de la menace terroriste, mais on oublie de dire que le Ministère de l'Intérieur a déjà à sa disposition des milliers de policiers, soixante mille CRS et deux cent mille gendarmes. On a surtout le toupet d'oublier que les frontières de la France sont ouvertes à cause de l'Europe de Schengen et qu'on laisse rentrer dans notre pays, chaque année, trois cent mille immigrants " légaux " et cent mille illégaux ! Loin de moi l'idée de penser que tous les immigrés sont forcément des candidats terroristes, mais nul doute que sur un si grand nombre il doit s'en trouver quelques uns…

Cependant, on ne combat pas le terrorisme avec des hélicoptères et des chars ! Ce n'est pas en amoindrissant l'armée qu'on améliorera le combat contre le terrorisme. Le terrorisme se combat d'abord par une politique cohérente qui s'impose dans tous les ministères et pas seulement dans ceux qui sont chargés de la répression. Cette lutte nécessite par exemple la connaissance exacte des étrangers vivant sur notre sol et de la population en général. Savez-vous qu'il est interdit légale-ment de tenir des statistiques faisant état de la race ou de la religion des personnes résidant en France ?

Cette lutte nécessite aussi une remise en ordre complète de l'Education nationale, en commençant par la mise au pas des Instituts de Formation des Maîtres, dont on a l'impression qu'ils ont pour but de former des révolutionnaires apatrides plutôt que des instituteurs fiers de la Nation. Il devrait être interdit aux médias, qu'il s'agisse de la presse écrite, des radios et des chaînes de télévision, et de se livrer au dénigrement systématique de la Nation, de son armée et de notre Histoire pour laisser place avec complaisance à une véritable propagande en faveur d'une société multi-ethnique et multi-culturelle.

 Ce ne sont là que quelques exemples de l'immense effort nécessaire pour remonter la pente. C'est dans cette intention, entre autres, que Nicolas Sarkozy avait été élu avec une confortable majorité. Malheureusement, il a, sur ce terrain, oublié ses promesse électorales…Comme l'écrivait récemment Ivan Rioufol dans Le Figaro, alors que Nicolas Sarkozy se soucie beaucoup du monde médiatique et des salonnards qui persistent à s'afficher de gauche, la société s'est convertie depuis longtemps aux valeurs de la droite qui ont fait gagner Sarkozy : travail, mérite, famille, nation, identité, autorité, sécurité…

 

Une armée ne se construit pas en un jour

 

Il est également essentiel de garder présent à l'esprit qu'une armée ne se construit pas en un jour. Elle est faite d'hommes qui ont besoin, non seulement de matériel, mais aussi d'un cadre intellectuel et moral, d'une certaine constance. On peut changer souvent de matériel, mais pas de motivations qui font qu'on est prêt à servir la patrie, voire à mourir pour elle. Il y a quelques jours, on a célébré le trentième anniversaire de l'opération aéroportée de Kolwezi. Le général, Gouverneur militaire de Paris, qui a fait partie jadis de cette expédition comme modeste chef de section au 2ème REP, a été interviewé à cette occasion. Il en a profité pour déclarer que la préparation des unités, leur formation technique et morale, demandaient du temps et beaucoup de soins. Un bon régiment, un bon navire, cela ne s'improvise pas. Dès lors, les changements qu'on impose à nos unités, à leurs chefs et à leurs soldats, sont nocifs lorsqu'ils se répètent trop fréquemment. La routine est certes mauvaise, mais les changements perpétuels sont également à déconseiller.

 

L'Armée est au service d'une politique

 

On l'oublie trop : l'Armée est au service d'une politique et son utilisation ne se conçoit que dans le cadre de cette politique nationale. Or, on ne sait plus très bien qu'elle est la politique étrangère du Président de la République et de Monsieur Kouchner, qui dirige le Quai d'Orsay. Le rapprochement avec les Etats-Unis, le retour dans le cadre de l'OTAN, les propos d'une rare agressivité vis-à-vis de l'Iran, l'augmentation du contingent français en Afghanistan, la brouille avec la Chine à la suite des manifestations pro-tibétaines, tout cela donne une impression de flottement et d'improvisation. Qu'est devenue la politique arabe de la France ?  Qu'en est-il de notre politique vis-à-vis de la Russie ?   Pourquoi parler sans cesse des " droits de l'homme " à des Etats qui s'en moquent ? Même les interventions de notre président pour tenter de faire libérer Ingrid Betancourt apparaissent comme flottantes et mal préparées. Pourquoi soutenir indirectement une guérilla marxiste, alors que c'est cette rébellion qui est coupable d'enlèvement et de séquestration. ?         Mystère !

 

 

 

Publié dans Actualité nationale

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