Programme d’avenir

Publié le par Lux

Programme d’avenir

Par Bernard Pascaud

Président de La Restauration Nationale

 

 

Le 21 mars 1908 commençait la grande aventure journalistique, intellectuelle et politique de L'Action française quotidienne. C'était il y a cent ans. Elle n'était, au vrai, qu'une étape nouvelle de l'oeuvre entreprise quelques années auparavant par un homme de génie, brûlant d'un amour passionné de la France et qui, en dépit de sa jeunesse et d'un contexte politique, culturel, institutionnel et même religieux défavorable, avait discerné quelles pouvaient être les clés du changement politique, condition d'un redressement français : le ralliement à la monarchie. Cet homme, c'est évidemment Charles Maurras.

 

Bien que son oeuvre n'ait pas encore abouti, elle n'est pas morte avec lui. D'autant qu'elle a réussi ce qui est le plus rare : avoir raison, avoir compris les mécanismes de ce qui tue et de ce qui fait vivre, avoir saisi les lois politiques du salut temporel de la France, discerné les conditions de son harmonie sociale et tracé un chemin français possible dans le concert des nations. Toute l'histoire du XXe siècle français atteste de la rectitude de jugement et de pensée de nos maîtres.

 

Nous voici donc, un siècle plus tard, héritiers d'une doctrine et d'une histoire qui portent en ellesmêmes leur richesse et leur espérance. Certes les faux principes et les institutions bancales qui en sont issues, ont déployé leurs néfastes effets. Trois républiques ont passé. Une Vle était même en vue, il y a peu, lors des dernières élections présidentielles. Finalement on a préféré un président prétendument "homme des réformes". Mais déjà, d'état de grâce éphémère en état de disgrâce permanent, les réformes marquent le pas, se font moins ambitieuses et, surtout, portent sur des questions qui pour être importantes ne remettent pas en cause ce qui oblitère et paralyse l'Etat et finalement ce qui l'empêche de retrouver toute la Majesté dont il doit être investi

 

Dans un monde qui change, dans une France qui change, dans une société qui change, on envisage toutes les réformes, hormis de mettre en question les principes qui sont pourtant les causes majeures de nos impuissances.

 

Ces impuissances sont notre réel et pour ainsi dire notre unique problème.

 

Pour une France qui a du mal à affirmer son identité, la pseudo-neutralité républicaine n'est pas la solution, elle est le problème.

 

Pour la France où réside une forte communauté étrangère d'origine extra-européenne, le laïcisme n'est pas la solution, il est le problème.

 

Pour la France qui fut la reine des nations et pourrait aujourd'hui jouer un rôle de fédérateur des nations européennes, moyennes et petites, l'Europe de Bruxelles n'est pas la solution, elle est le problème.

 

Pour une société française en proie à la dilution, l'individualisme démocratique n'est pas la solution, il est le problème.

 

Pour le redéploiement d'un faisceau de responsabilités locales qui s'apparenterait à une véritable et saine décentralisation, l'esprit partisan n'est pas la solution, il est le problème. Et il en est de même pour la représentation !

 

Pour les défis éthiques qui se présentent à l'humanité d'aujourd'hui, et donc aussi à notre peuple, le relativisme libéral n'est pas la solution, il est le problème.

 

Pour un Etat français, vrai serviteur du bien commun, fondé sur une authentique légitimité, la subordination de l'intérêt national à la politique politicienne n'est pas la solution, elle est le problème.

 

En disant cela, je n'ignore pas combien le monde est complexe et combien se sont compliqués les problèmes de la société contemporaine. Aussi n'est-ce pas de cette complexité que nous faisons grief aux gouvernants actuels. Ce que nous leur reprochons, c'est de ne pas remettre en cause les principes et les institutions qui mettent l'Etat dans la plus mauvaise des positions pour traiter les problèmes avec le maximum de chance de réussite. C'est de sacrifier l'intérêt supérieur du pays au carriérisme politique.

 

Ces constats sont de plus en plus évidents. Plus encore qu'au moment où Maurras entamait son Action française, le régime en place est instable, institutionnellement et intellectuellement. Les faux principes qu'on présentait comme des "solutions", apparaissent bien comme étant les "problèmes".

 

Or, voici que par une grâce incroyable, au moment où ces faux principes qui occupent encore le terrain sont en crise, apparaît un Prince, français, chrétien, incarnant d'autres principes, ceux qui' peuvent constituer une solution alternative. Prince qui, pour notre chance, n'est pas frappé par la loi d'exil comme c'était le cas au temps de Maurras ! Il est même une autre différence de taille entre les deux époques : il y a aujourd'hui à la tête de l'Eglise un Pape dont la préoccupation n'est pas de politique intérieure française dans l'esprit d'un ralliement à la République".   Cela, c'est fini !

 

Toutes ces données réunies constituent ce que des géopoliticiens appellent "une fenêtre d'opportunité ". Cette " fenêtre d'opportunité " nous fait un devoir de dévouement intelligent et d'humble coordination des forces qui veulent bien œuvrer à ce beau projet national et royal. Ce n'est pas d'abord le nombre qui compte. Il viendra ! C'est la pertinence du projet qui est décisive ainsi que l'habileté à le mettre en oeuvre.

 

C'est ce que nous avons commencé à mettre en place depuis quelques années, au tournant du XXe et du XXIe siècle, un peu à la façon dont Maurras avait pris le tournant de 1900 avec son beau projet contenu dans L’Enquête sur la Monarchie. Comme lui, mais dans un contexte différent et pas forcément moins favorable, et aussi d'une façon qui puisse être reçue par les Français d'aujourd'hui, nous cherchons à démontrer pourquoi le cadre national n'est pas dépassé, (et par conséquent " être nationaliste " non plus !) ; pourquoi, étant donné la priorité absolue du politique sur l'économique et le social, il y a nécessité de s'attaquer à des réformes de nature éminemment politiques en instaurant un Etat digne de ce nom, lequel en France correspond à la monarchie, " traditionnelle dans ses principes et modernes dans ses institutions ", pour reprendre la formule du comte de Chambord.

 

Notre mission temporelle est de faire la réforme qui n'a pas eu lieu et qui conditionnent tous les redressements français : refaire un Etat. Et l'histoire nous enseigne qu'il n'y a aucun verrou que l'habileté des hommes ne puisse faire sauter.

 

Dans cette espérance je voudrais terminer sur une note souriante en vous communiquant deux réflexions de nature à bien nous prédisposer pour notre travail à venir.

 

La première porte sur la différence entre la mentalité du perdant et celle du gagnant : le perdant est celui qui oppose toujours des problèmes aux solutions ; le gagnant est celui qui oppose toujours des solutions aux problèmes.

 

La seconde s'adresse particulièrement à nous qui sommes des amoureux de la France, se dévouant bénévolement pour elle, tels des amateurs au sens où dans "amateur" il y a "amour" : n'oubliez jamais que le Titanic a été construit par des professionnels et l'arche de Noé par des amateurs.

 

Publié dans Pensée politique

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