Leçon électorale

Publié le par Lux

Extrait de l’analyse politique d’Hilaire de Crémiers dans Politique Magazine d’Avril 2008

 

Leçon électorale

Les habitudes reviennent au galop

 

 

Lors des élections présidentielles, les principaux candidats, sentant la lassitude du corps électoral, ont prétendu transcender les notions de gauche et de droite et sortir ainsi du schéma infernal. Le résultat est là aujourd'hui : le système revient à sa mécanique habituelle, en dépit de toutes les ouvertures ou pseudo-ouvertures qui, comme par nécessité, ne se font jamais que vers la gauche, tant est prégnante la structure mentale dans laquelle évolue le monde politique.

 

Les dernières élections municipales et cantonales avec des résultats aussi contrastés qu'intéressants ont été l'occasion d'un retour en force de « la grille d'analyse » obligée.  Les habitudinaires, comme disent les moralistes quand ils parlent des personnes tenues par certains vices, les habitudinaires, donc, de la monomanie électoralo-politique se sont retrouvés avec délectation dans la satisfaction de leur complaisance machinale et répétitive : leur imagination captive et narcissique a pu de nouveau les solliciter sur les mêmes représentations fantasmatiques selon le schéma convenu et familier de leur univers sentimental politique refermé sur lui-même. La jouissance fut poussée à l'extrême et s'exprimait indécemment dans tous les micros : des cris avant, des cris pendant, des cris après !  Enfin, enfin, enfin, la gauche avait gagné !  Oui, était-il achevé dans un soupir de volupté, elle avait tout gagné, la gauche.  Et ce fut redit, répété, amplifié : la majorité des villes, des grosses villes, à la gauche !

La majorité des conseils généraux, à la gauche encore ! « Les territoires », comme dit Madame Royal.   Les territoires, à la vérité, ils s'en moquent, puisque, comble du ridicule, voici que ces messieurs et ces dames, sitôt après leurs séances d'autosatisfaction, s'apprêtent à se battre pour savoir qui aura le profit de cette prétendue victoire électorale.  Mais, plus misérable encore et qui montre à quel point les Français sont prisonniers de leur système, il a fallu que la plus grande partie des responsables de la droite, ou appelée telle, convînt pareillement de la victoire de la gauche. Pour faire bonne figure, probablement !

 

Quelques esprits plus sagaces, dont le Premier ministre François Fillon dès le soir du deuxième tour, dont Yvan Rioufol dans Le Figaro et quelques autres, ont fait pourtant cette remarque de bon sens : ce n'est pas la gauche qui a gagné, c'est la droite qui a perdu. Tout simplement. Et la nuance est forte et précise. Les chiffres de l'abstention, ceux des reports au deuxième tour le prouvent amplement. Au vrai, pour qui réfléchit, ce n'est là qu'un épisode supplémentaire d'une histoire archi-connue. Car n'est-ce pas la règle quasi absolue de l'histoire électorale depuis 1789 ?Jamais écrite, jamais enseignée et qui pourtant serait prodigieusement instructive 1 Celle qu'un Daniel Halévy avec son ironique alacrité avait noté comme un trait fondamental qui expliquait toute l'évolution du système républicain français ?

 

 

La vraie France

 

Que s'est-il passé une fois de plus ?  Les Français désabusés, qui ont cru - encore une fois - à un redressement possible, se sont sentis floués et ils l'ont dit.   À leur manière.  Ces Français n'ont jamais la parole dans les médias. Ils ne peuvent être comptés que par défaut. Sans être nécessairement ni de gauche ni de droite, au sens partisan du terme, car généralement ils n'aiment pas l'esprit de parti, ils veulent seulement que la France existe, qu'elle ne change pas radicalement de population et de peuplement, qu'elle préserve son identité qui est de civilisation chrétienne millénaire, qu'elle ait du prestige et qu'elle mène une action intelligente et pondérée dans le monde, qu'elle ait une défense appropriée, que la vie sociale y soit sûre, que la culture ne soit par une entreprise de subversion ou d'abrutissement mental mais corresponde au génie français, que la famille et le patrimoine soient protégés, que les enfants apprennent à l'école, qu'il soit possible de travailler sans être poursuivi par le fisc et accablé de prélèvements obligatoires... Bref, des choses fort simples et qui, exprimées, créeraient une étonnante unanimité et, précisons-le, trouveraient vraisemblablement un accord profond dans des populations issues de l'immigration et qui ne demanderaient pas mieux que d'aimer la France, pourvu que la France ait des principes et sy tienne fermement, au lieu d'agiter des slogans.  Oui, toute la question de fond est dans les principes.  À jouer avec les principes, sous prétexte de plaire aux subversifs qui tiennent presque tout l'ensemble

des moyens de communications, les gouvernements perdent progressivement leur légitimité et finalement leur assise populaire.   Reste alors à faire face aux passions déchaînées !

 

Et, par exemple, que veut-on faire avec cette Nadine Morano, nouvelle secrétaire d'État à la Famille – enfin ! - , et dont la première préoccupation, très familiale sans doute, est de constituer une commission sur l'euthanasie active, autrement dit le suicide assisté ?   C'est de la folle.   Société de décadence où, à force de ne plus respecter la vie, on découvre dans les congélateurs des bébés par dizaines, en attendant d'y découvrir des vieillards recroquevillés. Non licet.

 

Nos pays européens sont malades de ce monde politicien qui ne connaît en politique que les surenchères démagogiques et passionnelles. Ce sont ces mêmes politiciens, quels qu'ils soient, qui sont prêts à faire exploser la Belgique, l'Espagne, l'Italie et à susciter en France une guerre civile pour s'approprier le pouvoir.  Ce n'est qu'une autorité indépendante, forte et tempérée, vraiment royale et garante des libertés, qui pourrait sauver ces nations de haute civilisation de la maladie de la division qui leur est artificiellement injectée.

 

Une institution est déjà là dans certains de ces pays, mais malheureusement affaiblie par ces horribles luttes de partis, devenues fratricides. En France, elle fait cruellement défaut : c'est d'une telle évidence que le chef de l'État en vain s'essaye à la remplacer.   La visite d'État en Angleterre du président français et de son épouse ne peut que donner à réfléchir.   Ils ont rencontré une grande dame : elle était reine.   

Publié dans Actualité nationale

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