"Le livre noir de la Révolution Française"

Publié le par Lux

Jean SÉVILLIA présente "Le livre noir de la Révolution Française"

Nous remercions l'écrivain et journaliste Jean SÉVILLIA qui nous a accordé un entretien expliquant la portée du "Livre noir de la Révolution Française" qui vient de paraître et qui constitue l'ouvrage de référence pour comprendre cette déchirure de l'histoire de notre pays.
1) Quelle est votre contribution à ce livre ?>21b456a777c91e54d4eaf3e1b844a4e8.jpg
Il y a deux ans, lorsque j’ai rencontré le père Renaud Escande, maître d’œuvre du futur Livre noir de la Révolution française, il m’a demandé quelle contribution je pourrais apporter à l’ouvrage. J’ai tout de suite eu l’idée que j’ai mise en œuvre avec un texte esquissant la réponse à cette question : « Fêtera-t-on le tricentenaire de la Révolution ? ». A l’époque, j’étais plongé dans la préparation de mon livre paru en 2007, Moralement correct, et j’étais hanté par l’ampleur des changements de la société et des mentalités que nous avons connus au cours des dernières décennies. En projetant le même espace-temps non plus vers le passé, mais vers l’avenir, je me suis dit qu’il serait intéressant de s’interroger sur ce qui restera de la Révolution française en 2089. Question qui peut s’entendre à double sens : que restera-t-il de la Révolution, mais que restera-t-il aussi de la France ? La prospective est un exercice à risque : tant de prédictions, heureuses ou malheureuses, ont été déjouées… Mais il n’est pas interdit de s’interroger dès lors que l’on sait que certains faits ont des conséquences inéluctables.

2) Quelle continuité existe-t-il avec vos ouvrages précédents ?
Je suis à la fois journaliste, essayiste et historien. Ma contribution au Livre noir de la Révolution française s’inscrit dans cette perspective : l’historien a travaillé sur 1889, le journaliste a plongé dans ses souvenirs de 1989, et l’essayiste a tenté de réfléchir à 2089.
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3) Quelle est l'idée qui est à la base de ce livre ?
En dépit du fait que tous les historiens sérieux, fussent-ils ardemment républicains, conviennent que la Révolution française pose un problème, l’imagerie officielle, celle des manuels scolaires du primaire et du secondaire, celle de la télévision, montre les événements de 1789 et des années suivantes comme le moment fondateur de notre société, en gommant tout ce qu’on veut cacher : la Terreur, la persécution religieuse, la dictature d’une minorité, le vandalisme artistique, etc. Aujourd’hui, on loue 1789 en reniant 1793. On veut bien de la Déclaration des Droits de l’homme, mais pas de la Loi des suspects. Mais comment démêler 1789 de 1793, quand on sait que le phénomène terroriste commence dès 1789 ?
Pour répondre à votre question, l’idée de base du Livre noir de la Révolution est de montrer cette face de la réalité qui n’est jamais montrée, et rappeler qu’il y a toujours eu une opposition à la Révolution française, mais sans trahir l’Histoire. Qu’on le veuille ou non, qu’on l’aime ou non, la Révolution, c’est un pan de l’Histoire de la France et des Français. On ne l’effacera pas : au moins faut-il la comprendre.

4) Ce livre, auquel plusieurs professeurs ont participé, montre-t-il que le monde universitaire est en train de changer ?
Le monde universitaire a changé depuis longtemps. Rappelez-vous le Bicentenaire : de Pierre Chaunu à Jean Tulard, de Reynald Secher aux historiens étrangers que l’on découvrait alors, tel Alfred Cobban, tous les grands noms de la recherche historique se situaient, à des degrés divers, dans une position critique à l’égard de la Révolution française. Il faut rappeler le rôle essentiel et paradoxal de François Furet : cet homme de gauche, rallié au libéralisme mais jamais à la contre-révolution, a fortement participé au naufrage du mythe révolutionnaire dans les milieux intellectuels. Mais il ne s’est pas fait que des amis ! Depuis 1989, cependant, une génération a passé. D’où l’idée, avec ce Livre noir, de reprendre la question à nouveaux frais, avec des signatures en partie nouvelles.

5) En quoi un ouvrage sur la Révolution peut-il encore intéresser les Français d'aujourd'hui ?
Dans une société qui subit une véritable dépression culturelle, il existe encore un public cultivé, et qui lit. Si le Livre noir touche ce public, ce sera déjà bien. On observe, depuis des années, un véritable engouement autour du Moyen Age. A travers la foule qui déambule dans les châteaux de la Loire ou à Versailles, ou dans la vogue de la musique ancienne, on trouve un intérêt pour la civilisation pré-révolutionnaire. Il faudra bien arriver à ce que ce public regarde en face l’histoire de la Révolution. Quitte à être dérangé dans ses certitudes. Mais si j’en crois l’accueil rencontré par mon livre Historiquement correct, un ouvrage qui frise sans doute le demi-million de lecteurs, il y a du monde, en France, qui est prêt à remettre en cause quelques mythes historiques établis. J’espère que le Livre noir de la Révolution française, dont je ne suis qu’une des multiples voix, y contribuera.

Publié dans Histoire

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